L’alimentation est aujourd’hui une des priorités nationales en matière de santé publique. Les taux croissants d’obésité à l’échelle de la population sont associés au développement de pathologies de longue durée telles le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Si historiquement les approches d’éducation à la santé centrées sur le modèle IEC (information, éducation & communication) ont dominé l’éducation à la santé, un consensus se dessine sur les limites de ces approches pour influer sur le comportement alimentaire.

Dans ce contexte, le développement d’interventions permettant d’agir sur les comportements alimentaires est activement soutenu. Des alternatives sont possibles proposant des approches fondées sur le plaisir, le goût, la commensalité et la dimension sensorielle de l’alimentation, telles l’éducation au goût.

En 2010, les Classes du Goût sont inscrites comme action phare du Programme National pour l’Alimentation (PNA) du Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. En 2012, l’Association Nationale pour l’Education au Goût des Jeunes, fédérant plus de 40 structures adhérentes, est créée. Celle-ci cherche à développer l’usage des sens dans l’alimentation, dans une perspective d’autonomie, de découverte de soi, de bien-être et de lien social. Elle propose un modèle expérientiel, sensoriel et individuel mettant au cœur des interventions, l’individu dans sa spécificité.

Au printemps 2013, l’ANEGJ dépose une candidature pour être LéA (Lieu d’Education Associé - http://ife.ens-lyon.fr/lea) auprès de l’IFé (Institut Français de l’Education). En été 2013, la candidature est retenue. L’ANEGJ devient lieu d’éducation associé.

Le LéA de l’ANEGJ a pour visée de fédérer divers acteurs impliqués dans l’éducation au gout des jeunes. La visée éducative du projet s’étend en effet au-delà des pratiques déjà bien établies de formation en nutrition humaine en lien avec les problèmes de santé dans divers cadres institutionnels (encore que peu présent dans les problématiques éducatives de l’éducation nationale). Cette thématique de l’éducation au gout va en effet au-delà des aspects biologiques centraux de la conception nutritionnelle mais investit la sphère de l’alimentation et des comportements alimentaires en l’élargissant au sein des pratiques sociales fondamentales de toutes cultures. L’alimentation et le comportement alimentaires (des jeunes en particulier) se trouvent ainsi pris en charge dans les pratiques éducatives de valeurs culturelles et d’enjeu sociétal en se recentrant sur la sensibilité de l’individu dans son rapport au monde (de l’alimentaire) mais aussi des autres (dans la diversité de leurs pratiques). Sur le plan de la recherche, l’originalité du LéA est d’enrichir les connaissances déjà acquises en nutrition santé par l’apport d’une perspective en sciences sociales. Les connaissances développées seront liées aux sciences humaines et sociales comme l’anthropologie, la psychologie et la linguistique. En retour, les sciences sociales pourront bénéficier des savoirs et savoir acquis dans les pratiques d’éducation au goût.

L’intérêt de l’ANEGJ à être dans le réseau des LéA est d’être un espace de validation institutionnelle où puissent être conjuguées et développées des forces/ressources et compétences à partir des trois principaux acteurs actuels, l’IFé, l’ANEGJ et la DGESCO. Ainsi, dans un premier temps, le LéA permet :
  d’avoir un soutien et une validation institutionnels pour cette recherche. Cette recherche se situe au départ dans un cadre associatif principalement d’initiatives individuelles sans ancrage institutionnel ni industriel (coté ANEGJ) ou de terrain d’application (coté IFé), malgré l’antériorité de contacts productifs avec ministère de l’agriculture/santé et de l’éducation nationale à travers l’expérience des classes du goût. Le LEA peut correspondre à un lieu où les Classes du Goût peuvent être articulées en y intégrant étroitement le développement du versant recherche. En particulier les thématiques du développement individuel à partir de la sensorialité (psychologie), de la commensalité et du rapport à l’autre, des politiques de santé (anthropologie), de la maitrise du langage pour l’expression du subjectif et de l’accès à la littérature (linguistique). Un dernier aspect recherche concerne la transmission de ces connaissances aux formateurs (dans les cadres institutionnelles de l’éducation nationale et dans le cadre de la formation en éducation au goût organisée par l’ANEGJ).
  d’avoir une aide dans la mise en relation avec des institutions et chercheurs sur cette thématique
  d’avoir un lieu motivant pour les membres de l’ANEGJ pour :
o travailler sur la mise en relation de leurs pratiques professionnelles des adhérents de l’association avec les priorités énoncées dans les politiques gouvernementales en matière de santé et d’éducation,
o comprendre comment ces pratiques professionnelles peuvent s’articuler avec des pratiques professionnelles existantes et reconnues (comme les pédagogies utilisées dans l’enseignement pour l’acquisition du langage, le développement sensoriel, comme l’éducation nutritionnelle),
o utiliser ces connaissances et savoir-faire experts pour alimenter la recherche académique en particulier en anthropologie et psychologie et didactique.